Réveil soudain. Sensation d’étouffement.
Un truc me pèse sur le dos. C’est mon lit.
Je dors collé au plafond. Un peu d’agitation pour m’extraire du bazar.
Je suis dans ma chambre, mais à l’envers.
Tout est à l’envers. Je me lève. Je marche sur mon plafond.
Etrangement, c’est à peu près rangé.
Un coup d’oeil à la fenêtre.Le ciel, gris, est à la place de la rue.
Cela fait un grand vide nuageux. Assez angoissant.
A place du ciel, c’est la rue. Etrangement calme.
Plus de voitures. Elles ont dû s’envoler.
Sorti de chez moi, je constate que l’escalier n’a plus de marches.
Petit miracle, l’ascenseur semble fonctionner.
Je vais au premier, parler à la concierge.
La porte est ouverte. C’est noir de monde.
Mes voisins, ma coiffeuse et ma boulangère sont là. On dirait des réfugiés.
Ma concierge prépare une soupe dans une grosse marmite. Tout le monde a l’air affamé.
Je demande ce qu’il se passe.
Aucune réponse. Ils discutent tous entre eux.
Ca parle de l’escalier devenu glissant, des portes trop hautes, de la disparition des poubelles et des voitures qu’ils auraient dû attacher. Ca déblatère aussi sur ces privilégiés de Neuilly qui auraient élu domicile au Concorde La Fayette tout proche.
Cela me donne envie d’y faire un tour. Mais pour y aller, petite hésitation. Je ne sais plus si je dois monter ou descendre. Je monte.
Au rez-de-chaussée, arrivé devant la porte d’entrée de l’immeuble, je suis un peu terrorisé à l'idée de sortir. Qu’est-ce qui va m’empêcher de tomber dans le vide ?
La porte s’ouvre d'elle-même. C’est la factrice.
Elle râle, elle-aussi. Elle a eu, semble-t-il, quelques difficultés à composer le code d’entrée avec les boutons inversés.
Elle passe, en me bousculant à moitié, les bras encombrés d’une paire de skis.
Regards sur la rue.
Un réseau de petits ponts en cordage suspendus des deux côtés de l’avenue des Ternes fait office de voie de circulation.
Au loin, j’aperçois des gens qui tombent dans le vide.
En silence.
Etrangement, les panneaux publicitaires fonctionnent encore. Je me dis que si les anti-voitures ont gagné par KO, les anti-pubs ont encore du pain sur la planche. Même si, petite vengeance, les pubs sont affichées à l’envers.
Arrivée rapide au Concorde La Fayette.
Un portier mal rasé m'ouvre la porte puis m’invite à prendre une échelle pour descendre sur le plafond. Une foultitude de gens est assise sur des banquettes. Tout le monde est en grande discution. On dirait un cocktail, sauf que les gens n’ont pas de coupes de champagne, mais des homards à la main.
L'ambiance semble être à la rigolade. Je reconnais Oscar Sisto qui plaisante avec Philippe Séguin et Loic Le Meur.
Au milieu de ces gens endimanchés, j'aperçois mon frère aîné.
Il parle russe au téléphone. Il a l’air de bonne humeur. Il me claque la bise en me disant que le marché de l’immobilier souterrain va exploser. Il est d’ailleurs en train de racheter les catacombes de Denfert pour en faire un complexe immobilier.
Il me propose de déjeuner sur les Champs. En passant par les tunnels du métro. Il ouvre une porte et tombe dans le vide. Personne n’a rien vu.
J’hésite à le suivre lorsque j’entends un grand éclat de rire derrière moi.
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