Le net se désenchante en se dévirtualisant. Petit à petit. Les avatars se dissolvent dans les IP. Les anonymes tombent leur masque et laissent tomber leur esprit anargeek comme une vieille chaussette. Les vengeurs étaient jadis plus intéressants pixelisés. De même, la frontière entre les MMORPG et les baladeurs de terre s'amenuise de jour en jour.
Mais est-ce uniquement la possibilité d'une seconde vie dans ces mondes reconstitués de plus en plus réalistes qui intéresse ces 10 millions d'êtres humains en relation virtuelle et persistante ?
N'est-ce pas aussi une envie irrépressible de surveiller l'autre ? Et cela, sans être le fait d'un Big Brother grand ordonnateur d'une matrice contrôlant nos vies, mais des gens eux-mêmes qui guettent - l'air de rien - en permanence la vie des autres grâce à toutes sortes de technos parfois liberticides : portables, cookies, mails, moteurs de recherche, messageries instantanées, webcams, blogs, vlogs, outils de stats ou même MMORPG. Le net comme la démocratisation d'une grande et quelque peu malsaine enquête sur ce que disent, pensent ou font les gens.
Réservons-nous de temps en temps au sein de ce monde dévirtualisé et machinisé quelques balades vers nulle part ou quelques instants d'injoignabilité, nous permettant de nous rouler tout seul dans l'herbe en riant ou de partir sans laisser d'adresse. Histoire d'apporter un peu d'air frais à nos imaginaires.
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Copyright photo : Dan Ohnona - désert de Gobi [Mongolie - août 2005]
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